Le secteur de la poissonnerie évolue rapidement, porté par des défis économiques, sociaux et environnementaux majeurs. En France, les dépenses des ménages pour les produits de la mer sont en baisse de 7 % par an, selon les chiffres les plus récents. La consommation annuelle moyenne s’établit à 30,4 kg par habitant, un recul par rapport aux années précédentes. Alors que les attentes des consommateurs se diversifient et que la réglementation se complexifie, les professionnels du secteur s’adaptent pour répondre aux nouvelles exigences, notamment en matière de durabilité et d’innovation.
Points clés sur l’état du secteur de la poissonnerie
- Baisse de la consommation : Entre 2021 et 2022, la consommation de produits aquatiques frais a chuté de 15 % en volume, bien que leur valeur reste 4 % supérieure à celle de 2018 grâce à l’inflation.
- Part de marché : Les grandes surfaces dominent avec 62 % des ventes de produits frais, tandis que les poissonneries ne représentent que 6 %.
- Évolution des attentes : 44 % des professionnels remarquent un rajeunissement de leur clientèle, mais les jeunes consomment moins souvent des produits de la mer.
- Critères d’achat : La fraîcheur reste le premier critère (63 %), suivie du prix et de l’origine des produits.
- Adaptations des professionnels : 78 % des poissonniers innovent dans leurs offres pour répondre aux nouvelles habitudes, comme le click & collect ou les animations culinaires.
- Problèmes structurels : 92 % des professionnels jugent leur métier peu attractif, souffrant d’une image vieillissante et de conditions de travail exigeantes.
- Impact de l’inflation : Plus de 40 % des professionnels ont vu leur facture énergétique doubler, ce qui amplifie les défis financiers du secteur.
Une consommation en déclin, mais des niches de croissance
En 2022, les produits de la mer ont subi une baisse globale de consommation. Les conserves font exception avec une croissance de 2 % en volume et de 7 % en valeur. Les produits surgelés ont mieux résisté à l’inflation que les produits frais, mais leur consommation a tout de même reculé de 3 %. Les produits traiteurs de la mer ont également vu une baisse, à l’exception des préparations crues, en hausse de 15 %. Le poisson pré-emballé, malgré une augmentation de prix de 7 %, a gagné en popularité (+12 %).
Les principaux freins à la consommation restent le prix (71 %), suivi de la courte durée de conservation (56 %) et des difficultés de préparation (30 %). Les jeunes générations, moins habituées aux produits de la mer, privilégient le goût au prix, mais manquent souvent de connaissances sur ces produits.
Le rôle essentiel des professionnels dans l’attractivité du métier
Les poissonniers jouent un rôle crucial dans l’éducation et la fidélisation des clients. Les services personnalisés comme le filetage, l’écaillage et les conseils sur la préparation sont plébiscités. De plus, 62 % des consommateurs souhaitent des options de clic and collect, tandis que les animations culinaires séduisent 70 % d’entre eux.
Pourtant, le métier reste peu attractif pour les jeunes. Les longues heures de travail et l’image désuète de la profession sont cités par 85 % des professionnels comme des freins au recrutement. L’apprentissage est une solution, mais 80 % des poissonniers peinent à recruter des apprentis. Les concours comme les MOF (Meilleurs Ouvriers de France) permettent de valoriser le métier et de transmettre le savoir-faire artisanal.
L’innovation, un levier indispensable
Face à ces défis, l’innovation est devenue une priorité. Les professionnels investissent dans des outils numériques pour développer des services comme le click & collect ou les distributeurs automatiques de produits frais. La modernisation des équipements de préparation, signalée par 66 % des professionnels, permet d’améliorer l’efficacité et la qualité des produits.
La diversification des offres est également une tendance forte : restauration sur place, plats préparés ou produits traiteurs permettent de répondre à la demande croissante de praticité. Cependant, la mise en place de ces services reste freinée par des coûts élevés et une pénurie de personnel qualifié.
La durabilité, un enjeu clé pour le secteur
L’impact environnemental est un sujet central pour les poissonniers. Les emballages en polystyrène posent problème en raison des limitations de leur recyclage, poussant certains à envisager des alternatives comme les emballages biodégradables. Par ailleurs, 56 % des professionnels se sont engagés dans des pratiques de valorisation des déchets organiques. Ces initiatives restent limitées par des contraintes logistiques et financières.
La montée en puissance des produits transformés
Alors que la consommation de produits frais de la mer décline, les produits transformés, comme les plats préparés et les conserves, gagnent du terrain. Les conserves de poisson, en particulier, affichent une croissance notable de 2 % en volume et de 7 % en valeur entre 2021 et 2022. Cette tendance reflète une recherche accrue de praticité chez les consommateurs, particulièrement ceux aux revenus modestes. Les produits traiteurs réfrigérés, bien que globalement en recul, voient des segments spécifiques comme les préparations crues progresser de 15 %. Cette évolution démontre que les clients sont de plus en plus attirés par des solutions prêtes à consommer, offrant un compromis entre qualité et commodité.
Le défi de la transition énergétique
L’explosion des coûts énergétiques constitue un défi de taille pour les poissonniers. Plus de 40 % des professionnels rapportent un doublement de leurs factures électriques, une pression qui s’ajoute à celle de l’inflation sur les produits. Dans ce contexte, de nombreux acteurs envisagent des investissements pour réduire leur consommation énergétique, comme le renouvellement des équipements ou l’adoption de technologies plus économes. Ces solutions restent coûteuses, en particulier pour les petites entreprises. En parallèle, la réglementation sur les zones à faibles émissions (ZFE) pousse certains poissonniers à moderniser leurs flottes de véhicules, ce qui accentue la nécessité de trouver un équilibre entre durabilité et rentabilité.
Ces tendances montrent que la poissonnerie, tout en faisant face à des défis structurels, s’adapte à une demande en constante mutation, portée par des attentes croissantes en matière de praticité et de responsabilité environnementale.
Des perspectives encourageantes malgré les défis
Malgré la baisse d’activité depuis 2021, le nombre d’entreprises de poissonnerie continue d’augmenter. Le secteur compte 3 760 entreprises sédentaires (+13 % en 10 ans) et 1 110 entreprises ambulantes. Ce dynamisme reflète l’adaptabilité des professionnels, qui réinventent leur métier pour répondre aux attentes des consommateurs tout en surmontant les obstacles liés à l’inflation et à la réglementation.
Conclusion
Le secteur de la poissonnerie traverse une période de transition marquée par des défis économiques, environnementaux et sociaux. La baisse de la consommation de produits frais, couplée à l’inflation et à l’augmentation des coûts énergétiques, pousse les professionnels à innover pour maintenir leur compétitivité. Les attentes des consommateurs évoluent également, favorisant les produits transformés et les solutions pratiques comme le click & collect ou les préparations prêtes à consommer. Parallèlement, les enjeux environnementaux et réglementaires imposent une transformation des pratiques, que ce soit dans la gestion des déchets, l’utilisation d’emballages écologiques ou l’adoption de nouvelles technologies.
Malgré ces obstacles, le secteur de la poissonnerie reste dynamique, porté par une demande pour des produits de qualité et un savoir-faire artisanal unique. Les efforts pour moderniser les services, valoriser le métier et diversifier l’offre témoignent de la capacité des poissonniers à s’adapter à un marché en constante évolution. Avec des initiatives orientées vers la durabilité, l’innovation et la formation, la poissonnerie peut s’imposer comme un modèle de résilience et d’excellence dans les années à venir.
Lire aussi : merchandising poissonnerie, 7 idées
FAQ : Réponses aux questions fréquentes sur la poissonnerie
Quels sont les produits de la mer les plus consommés en France ?
Le saumon, le thon et le cabillaud figurent en tête, suivis des crevettes, du saumon fumé, des sardines, des moules, et de la truite fumée.
Pourquoi les produits de la mer sont-ils si chers ?
Les coûts élevés sont liés à l’inflation, aux contraintes logistiques, et à la raréfaction de certaines espèces. En 2022, le prix des poissons frais a augmenté de 7 %.
Comment choisir un poisson frais en poissonnerie ?
Privilégiez des poissons aux yeux brillants, aux écailles fermes, et sans odeur désagréable. Les labels comme MSC ou Bio garantissent également une pêche durable.
Le click & collect existe t-il en poissonnerie ?
De plus en plus de poissonniers proposent ce service, apprécié pour sa praticité et l’absence d’attente.
Quels sont les freins principaux à la consommation de produits aquatiques ?
Les prix, la courte durée de conservation, et les difficultés de préparation sont les principaux obstacles cités par les consommateurs.
La consommation de poisson est-elle en baisse ?
Oui, elle a diminué de 10 % en volume depuis 2018, bien que la valeur du marché ait augmenté grâce à l’inflation.
Quels services innovants les poissonniers proposent-ils ?
Click & collect, animations culinaires, plats préparés, et distributeurs automatiques sont quelques exemples d’innovations récentes.
Le métier de poissonnier est-il attractif ?
Le métier souffre d’une image vieillissante et de conditions de travail exigeantes, mais offre des perspectives intéressantes pour ceux qui recherchent un métier artisanal et rémunérateur.